Page:Russell - Le Mysticisme et la Logique.djvu/42

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bientôt à s’affirmer de nouveau, et c’est ce qui constitue « la philosophie » de l’évolution.

Un processus conduisant de l’amibe à l’Homme, aux yeux des philosophes, parut être un progrès — bien qu’il ne soit pas dit que l’amibe se soumette à cette opinion. Aussi le cycle de transformations qui, pour la science, constituait l’histoire probable du passé, passa-t-il pour révéler la loi du développement de l’univers dans le sens du meilleur, — évolution ou déploiement d’une idée qui s’incorpore lentement dans le présent. Mais ce point de vue, qui pouvait satisfaire Spencer et ceux que l’on peut appeler les évolutionnistes hégéliens, ne pouvait être admis tel quel par les partisans plus radicaux du changement. Un idéal vers lequel le monde tend de façon continue, paraît à ces esprits, trop nu et trop statique pour valoir la peine qu’on y tende. Ce n’est pas seule l’inspiration, c’est l’idéal lui-même qui doit se modifier et se développer au cours de l’évolution : il ne doit point y avoir de but fixé, mais une création continue de tendances nouvelles, du fait de l’élan qui constitue la vie et qui, seul, assure au processus son unité.

La vie, dans cette philosophie, est un courant continu où toute division est artificielle et sans réalité. Choses isolées, commencements, fins, autant de fictions commodes : tout n’est que continuité homogène. Les croyances d’au-