Bergson représentent la variété la plus moderne et la plus révolutionnaire. Mais toutes deux insistent également sur le progrès, c’est-à-dire sur un changement continu du pire au meilleur ou du simple au complexe. Il serait injuste d’attribuer à Hégel un intérêt ou une base scientifique quelconque, mais tous les autres évolutionnistes, y compris les disciples modernes de Hégel, se sont inspirés, dans une large mesure, de l’histoire du développement biologique. Une philosophie qui tire de cette histoire une loi de progrès universel, se heurte à deux objections. D’abord cette histoire même n’intéresse qu’un nombre très restreint de faits choisis, qui n’occupent qu’une portion infinitésimale de l’espace et du temps ; et, même sur le terrain scientifique, elle ne traite probablement pas un échantillonnage moyen de faits (average sample of events) pris dans la totalité du monde. Car nous savons que la dissolution est dans le monde un fait aussi courant que l’évolution. Un philosophe supra-terrestre, qui aurait observé un seul adolescent jusqu’à l’âge de vingt et un ans et n’aurait jamais considéré d’autre être humain, conclurait que la nature de l’homme est de grandir continuellement, et de devenir plus sage, en progressant indéfiniment vers la perfection ; et cette généralisation serait aussi bien fondée que celle que les évolutionnistes fondent sur
