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Page:Russell - The Problems of Philosophy, 1912.djvu/147

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en grande partie celle de Platon, avec simplement les modifications dont le temps a montré la nécessité.

Pour Platon, le problème se posait plus ou moins de la manière suivante. Considérons, disons, une notion telle que la justice. Si nous nous demandons ce qu’est la justice, il est naturel de procéder en considérant tel, tel et tel autre acte juste, afin de découvrir ce qu’ils ont en commun. Ils doivent tous, en quelque sorte, participer d’une nature commune, qui se trouvera dans ce qui est juste et dans rien d’autre. Cette nature commune, en vertu de laquelle ils sont tous justes, sera la justice elle-même, l’essence pure dont le mélange avec les faits de la vie ordinaire produit la multiplicité des actes justes. Il en va de même pour tout autre mot qui peut s’appliquer à des faits communs, comme « blancheur » par exemple. Ce mot s’appliquera à un certain nombre de choses particulières parce qu’elles participent toutes d’une nature ou d’une essence commune. Cette essence pure est ce que Platon appelle une « idée » ou une « forme ». (Il ne faut pas croire que les « idées », au sens de Platon, existent dans l’esprit, bien qu’elles puissent être appréhendées par l’esprit). L’« idée » de justice n’est pas