Page:Russell - The Problems of Philosophy, 1912.djvu/32

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doute systématique. Il résolut de ne croire rien qu’il ne verrait tout à fait clairement et distinctement être vrai. Quelque soit ce qu’il pourrait mettre par lui-même en doute, il en douterait, jusqu’à ce qu’il ait vu une raison pour n’en pas douter. En appliquant cette méthode, il s’est peu à peu convaincu que la seule existence dont il puisse être entièrement certain était la sienne. Il imagina un démon trompeur présentant des choses irréelles à ses sens en une continuelle fantasmagorie ; il se pourrait que l’existence d’un tel démon soit fort improbable, mais cela restait quand même possible, et c’est pourquoi le doute au sujet des choses perçues par les sens était possible.

Mais douter de sa propre existence n’était pas possible, car s’il n’existait pas, aucun démon n’aurait pu le tromper. S’il doutait, il devait exister ; s’il avait quelque expérience que ce soit, il devait exister. Ainsi sa propre existence était pour lui une certitude absolue. « Je pense, donc je suis, » dit-il (Cogito, ergo sum) ; et, en s’appuyant sur cette certitude, il travailla à reconstruire le monde de la connaissance que son doute avait