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LA COMPLAINTE

Vestuz de robe blanche et grize[1].

Tant faz-je bien savoir le roi,
S’en France sorsist .i. desroi,
Terre ne fust si orfeline,
Que les armes et le conroi,
Et le conseil et tout l’erroi,
Lessast-on sor la gent béguine[2].
Lors si véist-l’en biau couvine
De cels qui France ont en sesine,
Où il n’a mesure ne roi[3] ;
Se l’ savoient gent tartarine,
Jà por paor de la marine
Ne lesseroient cest enroi.

Li Rois qui paiens asséure
Pensse bien ceste encloéure :
Por ce tient-il si près son règne ;
Tels a alé simple aléure

    cela aura lieu aussitôt qu’il vous plaira, et nous mettrons notre soin à vous bien servir. » Le roi répondit qu’il les ferait chevaliers à la Pentecôte, et qu’il les adouberait au Mans. En attendant, le duc Naymes demeura à la cour avec Pépin, et montra si bien ce qu’il valait qu’il devint maistre de France, c’est-à-dire grand-sénéchal. Il donna dans la suite maint bon conseil au roi Charlemagne. Il fut créé chevalier par Pépin au jour dit, et depuis par son courage furent maint Turc assailli. Plus tard, quand Pépin a retrouvé Berte et qu’il récompense le bon Symon et ses fils, sauveurs de la reine, c’est le duc Naymes qui leur chausse l’éperon. C’est aussi lui qui, lors de l’entrée de Berte au Mans, marche devant elle avec le roi Floires. Ici se borne son rôle dans Le roman de Berte. Celui des Enfances de Charlemaine continue l’histoire de Naymes.

  1. Ceci est une allusion à la faveur dont jouissaient auprès de saint Louis les Cordeliers.
  2. Ms. 7633. Var. Devine.
  3. Ms. 7633. Var. N’esroi. — Roi, règle ; d’où vient peut-être notre mot pied-de-roi.