Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/156

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ci encoumence

LA
Desputizons dou Croisié et dou Descroizié[1].


Ms. 7633.
Séparateur



L’autr’ier entour la Saint-Remei
Chevauchoie por mon afaire,
Pencix, car trop sunt agrumi[2]
La gent dont Diex a plus afaire,
Cil d’Acre, qui n’ont nul ami,
Ce puet-on bien por voir retraire,
Et sont si près lor anemi
Qu’à eux puéent lancier et traire.

Tant fui pancis à ceste choze
Que je desvoiai de ma voie,
Com cil qu’à li méimes choze,
Por le penceir que g’i avoie.
Une maison fort et bien cloze

  1. Cette pièce de Rutebeuf a acquis une assez grande célébrité. Legrand d’Aussy en a donné dans ses fabliaux une imitation en prose, malheureusement beaucoup trop éloignée de l’original. La Société de l’Histoire de France a bien voulu l’insérer dans son Bulletin (année 1835), avec une traduction de moi ; et M. Paul Tiby, auquel nous devons une élégante et fidèle version de l’Histoire des croisades de Mills (Paris, 1835, chez Depélafol), a reproduit dans les notes de son 3e volume le texte et la traduction. (Voyez, pour les considérations sur cette pièce, la note Q, à la fin du volume.)
  2. Agrumi, pressé, en détresse, en danger.