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LA DESCORDE DE L’UNIVERSITÉ

Mès lor manière me recorde
Que dire et fère n’i soit mie.

Sor Jacobins est la parole
Que je vos vueil conter et dire,
Quar chascuns de Dieu nous parole
El si deffent corouz et ire ;
Et c’est la riens qui l’âme afole,
Qui la destruit et qui l’empire :
Or guerroient por une escole
Où il vuelent à force lire[1].

Quant Jacobin vindrent el monde[2],
S’entrèrent chiés Humilité :
Lors estoient et net et monde
Et s’amoient Divinité ;
Mès Orguex, qui toz biens esmonde,
I a tant mis iniquité
Que par lor grant chape roonde
Ont versé l’Université[3].

  1. Il s’agissait en effet de réduire les ordres religieux, qui, profitant de la faute qu’avait commise l’Université de cesser ses leçons, avaient érigé des chaires où ils enseignaient la théologie aux laïcs, chacun à une chaire publique. On peut voir dans la note K, à la fin du volume, tous les incidents que produisit cette querelle.
  2. Cette strophe manque au Ms. 7615.
  3. Les Jacobins, dans le premier temps de leur fondation, afin de vaquer plus librement à la prédication, avaient résolu de n’avoir ni fonds de terre ni revenus. Ils ne tardèrent pas à manquer à cette résolution, et leur ordre devint si considérable qu’on fut obligé de le diviser, comme un royaume, en quarante-cinq provinces. Une histoire de l’ordre de Saint-Dominique en Éthiopie, composée en espagnol et publiée en 1611 par le Père Louis d’Urreta, contient les choses les plus fabuleuses sur la richesse des Dominicains dans ce pays. L’ordre de Saint-Dominique a