Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
214
LA DESPUTOISON

Vous créez autant Notre-Dame,
Où virginitez n’est maumise,
Com je crois c’uns asnes ait âme ;
Vous n’amez Dieu ne sainte Yglise. »

— « Barbier sanz rasoir, sanz cisailles,
Qui ne sez rooigner ne rére,
Tu n’as ne bacins ne toailles[1],
Ne de qoi chaufer eve clère.
Il n’est rien née[2] que tu vailles,
Fors à dire parole amère ;
S’outre mer fus, encor i ailles,
Et fais proesce qu’il i père. »

— « Charlot, tu as toutes les lois :
Tu es juys et crestien,
Tu es chevaliers et borgois,
Et quant tu veus clerc arcien.
Tu es maqueriaus chascun mois,
Ce dient bien li ancien ;
Tu fez sovent par ton gabois[3]
Joindre .ij. cus à .i. lien. »

— « Barbier, or est li tens venuz
De mal parler et de mesdire,
Et vous serez ainçois chenuz
Que vous lessiez ceste matire ;

  1. Toailles : la copie de l’Arsenal met ici en note : « Linges à barbe. » Ce mot signifie en effet : serviettes, essuie-mains.
  2. Rien née, aucune chose vivante.
  3. Gabois, dérision, moquerie ; mais je crois qu’il faut traduire ici ce mot par : ton entremise, ton beau parler.