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LES PLAIES DU MONDE.

Qu’il ne plaingne la séjornée.
Qui auques a, si est amez,
Et qui n’a riens, s’est fols clamez.
Fols est clamez cil qui n’a rien ;
N’a pas vendu tout son mesrien,
Ainz en a .i. sou retenu.
N’est mès nus qui reveste nu,
Ainçois est partout la coustume
Qu’au desouz est chascuns le plume,
Et le gete-on en la longaingne ;
Por c’est cil fol qui ne gaaingne
Et qui ne garde son gaaing,
Qu’en povreté a grant mehaing.
Or avez la première plaie
De cest siècle sor la gent laie.

La seconde n’est pas petite
Qui sor la gent clergie est dite.
Fors escoliers, autre clergié
Sont tuit d’avarisce vergié[1].

  1. L’auteur de Renart le Nouvel adresse à peu près les mêmes reproches au clergé (édition du Renart de Méon, tome IV, page 429) :
    ....Hélas ! clergiés, que respondrés
    Au grant jour quant vous i venrés
    Devant la face Jhésu-Cris,
    K’en sen lieu vous a çà jus mis
    Por bien dire et por mix ouvrer
    Et por nous avoec lui mener ?
    Excusés ne vos porés mie,
    Car il vera vo félaunie
    De convoitise et d’avarisce
    Et d’escarseté, ce let visce,
    D’orguel et de ghille et d’envie.
    ....vous avez tuit pascience
    Estroite, et large conscience,
    Dont je di qu’estes ocoisons
    De tous les maus que nous faisons. etc.|3}}