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ET DE LA FAMME AU CHEVALIER.

Et por l’envie d’un maufé[1],
Dont maintes genz sont eschaufé,
Vous vueil raconter de deus genz
Dont li miracles est molt genz.

Granment n’a mie que la fame
A un chevalier, gentiz dame,
Estoit en ce païs en vie.
Sanz orgueil ere et sanz envie,
Simple, cortoise, preus et sage.
N’estoit ireuse ne sauvage,
Mès sa bonté, sa loiauté
Passoit cortoisie et biauté.
Dieu amoit et sa douce mère ;
N’estoit pas aus pauvres amère[2].
Le soir, quant l’en doit herbregier
La povre gent, nès un bergier
Fesoit-èle si très biau lit
C’uns rois i géust à délit.
Plus avoit en li charité
(Ce vous di-je par vérité)
Qu’il n’a demi en cels du monde ;
N’est pas orendroit la seconde.
De tout ce me doi-je bien tère,
Avers le très biau luminère
Qu’ele monstroit au samedi.
Et bien sachiez, sus m’âme di,

  1. Le Ms. 7633 ajoute ici ces deux vers :
    Ne sai que plus briement vous die.
    Tuit li mal vienent par envie.
  2. Le Ms. 7633 ajoute ici les deux vers qui suivent :
    Ne marrastre au desconceilliez :
    N’estoit pas ses huis verruilliez.