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DU SECRESTAIN

Qui le trésor ot trapelé.
Cil ne respont ne que muiz :
Por qoi ? qu’il s’en estoit fuiz.

Quant il furent entré el cuer
Chascuns vousist biens estre fuer,
Car trestuit si grant paor orent ;
Li uns des autres riens ne sorent,
Que la char lor frémist et tranble.
L’abés parole à toz ensanble :
« Seignor, dist-il, nous sons lobez[1],
Li soucretains nous a robez.
Frère, dist-il au trésorier,
Lessastes-vous le trésor ier
Bien fermé ? quar, i prenez garde ! »
Et li trésoriers i regarde.
Onques ne trova au trésor
Ne chalice, ne croiz, ne or.
Au couvent dist et à l’abé :
« Seignor, dist-il, nous sons lobé :
N’avons ne calice, ne croiz,
Ne trésor qui vaille .ij. nois. »
Dist li abés : « Ne vous en chaille.
Va s’en-il ! oïl bien s’en aille.
S’il est de droit, encor saurons
Là où il est ; si le r’aurons. »

Papelars fet bien ce qu’il doit,
Qui si forment papelardoit.
De l’engin sèvent et de l’art

  1. Ms. 7633. Var. Gabei.