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ET DE LA FAMME AU CHEVALIER.

Pors de salu, voie de mer
Que toz li siècles doit amer,
Quar regarde ceste forfète
Qui de t’aïde a grant soufrete.
Dame, cui la grâce est donée
D’estre des angles coronée
Et d’aidier toute créature,
De ceste grant prison obscure
Nous gète par la volanté
Qu’anemis nous a enchanté ;
Et se par toi ne sons délivre,
A grant dolor nous covient vivre. »

Bien a oïe la complainte
La mère Dieu de la gent sainte,
Si comme il i a bien paru :
En la chartre à els s’aparu.
De la grant clarté souveraine
Fu si toute la chartre plaine
Que la gent qui furent humain
Ne porent movoir pié ne main.
Cele clartez qui si resclère
Avoec tout ce si souef flère.
Devant els vint la glorieuse
Qu’à nul besoing n’est oublieuse :
Les maufez tint enchaenez
Qui ces gens ont si mal menez ;
Tant d’amor lor commande à fère
Comme il lor ont fet de contrère.
Cil ne l’osèrent refuser ;
Ne ne s’en porent escuser.