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LE MARIAGE RUTEBEUF.

Je sui toz plains d’envoiserie[1],
Bien pert à l’uevre.
Or dira l’en que mal se prueve
Rustebuef qui rudement oevre :
L’en dira voir,
Quant je ne porai robe avoir.
A toz mes amis faz savoir
Qu’il se confortent :
Plus bel qu’il porront se déportent ;
A cels qui tels novèles portent
Ne doignent gaires.
Petit dout mès provos ne maires[2] :
Je cuit que Diex li debonaires
M’aime de loing ;
Bien l’ai prové[3] à cest besoing ;
Là sui où le mail met le coing :
Diex m’i a mis.
Or faz feste à mes anemis,
Duel et corouz à mes amis.
Or du voir dire,
Se Dieu ai fet corouz ne ire,
De moi se puet jouer et rire
Que biau s’en vange.
Or me covient froter au lange[4] ;

  1. Ce mot est employé ironiquement. — Le Ms. 7615 écrit : « De muserie », et le Ms. 7633 offre la leçon suivante : « Je suis droiz fouz d’ancecerie. »
  2. Je crains peu désormais prévôt ni maire, c’est-à-dire ceux qui perçoivent les impôts.
  3. Bien l’ai prové, pour : Je l’ai bien éprouvé. — Les Mss. 7633 et 7615 portent : « Bien l’ai véu. »
  4. Littéralement : Je suis forcé de me frotter au drap, ou : Je suis si pauvre que je n’ai pas de chemise. — On ne peut douter que ce soit là le sens de