Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/472

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et les bourgeois une grande querelle. Une chronique peu connue (Chronicon fiscanense) dit que plusieurs écoliers, par suite de cette querelle, furent noyés dans la Seine, et Mathieu Paris, qui tenait le récit de ces événements de la bouche des Anglais, forcés à sortir de France par suite de la dissolution de l’Université, narre les faits à peu près ainsi : À l’époque du carnaval, des écoliers, étant allés jouer hors de Paris vers Saint-Marcel, trouvèrent par hasard (casu) dans une taverne du vin très-bon et très-agréable à boire. Ils le burent ; puis, une discussion s’étant engagée sur le prix inter clericos potantes et caupones, cœperunt ad invicem alapas dare et capillos laniare. Les bourgeois ayant pris parti pour les taverniers, les écoliers furent contraints de se retirer après avoir été maltraités. Mais le lendemain ils revinrent en nombre et commirent mille dégâts, ce que la reine Blanche ayant appris (saint Louis était encore mineur), muliebri procacitate simul et impetu mentis agitata, præpositis civitatis et quibusdam raptariis suis dedit illicò in mandatis ut, sub omni celeritate armati, ab urbe exeuntes, hujus violentiæ authores nulli parcerent. Ceux-ci, selon l’usage, allèrent encore plus loin que les commandements, et tuèrent ou blessèrent des écoliers jeunes et inoffensifs qui jouaient dans la campagne. L’Université, ayant été informée de cela, se plaignit et demanda justice. On la lui refusa. Les maîtres et professeurs résolurent alors de fermer leurs écoles et de se disperser. La plupart se retirèrent à Angers, d’autres à Rouen, quelques-uns à Orléans ; et Henri III, roi d’Angleterre, adressa aux autres, pour les attirer auprès de lui, une lettre que nous avons encore ; mais tous en sortant de Paris n’avaient qu’un seul sentiment : legatum romanum execrabant, reginæ muliebrem maledicebant superbiam, imò eorum infamem concordiam. Mathieu Paris va même plus loin : par une de ces indiscrétions précieuses qui conservent aux générations futures les rumeurs populaires des générations passées, il ajoute : recedentium autem quidam famuli vel mancipia, vel illi quos somelus Galliardense appelare, versus ridiculos componebant, dicentes :