Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De la Griesche d’Yver,
ou ci encoumence
LI DIZ DE LA GRIESCHE D’YVER[1].


Mss. 7218, 7633, 7615.


Séparateur



Contre le tens qu’arbre deffueille,
Qu’il ne remaint en branche fueille
Qui n’aut à terre,
Por povreté, qui moi aterre,
Qui de toutes pars me muet guerre,
Contre l’yver,

  1. J’ai préféré cette leçon : De la Griesche d’yver, qui est celle des Mss. 7633 et 7615, à celle du Ms. 7218 : De la Griesche d’esté, d’abord parce que les titres des pièces de ce dernier Ms. sont d’une main plus récente que le corps même du volume, et qu’à la fin de la pièce le copiste de tout le recueil a mis : Explicit la Griesche d’yver ; ensuite parce qu’il s’agit en effet dans cette pièce des inconvénients qu’a l’hiver pour notre poëte et du malaise que lui cause cette saison ; mais je n’en suis pas moins convaincu qu’indépendamment de cette signification de désagrément, d’incommodité, le mot griesche doit avoir encore ici un autre sens, aujourd’hui fort obscur, emprunté à un jeu du moyen âge. Nous trouvons en effet dans Gargantua, livre 1er, chapitre XXII, parmi les deux cents cinquante et quelques jeux auxquels Rabelais nous apprend que se livrait son héros après s’être lavé les mains de vins frais et escuré les dents d'un pied de porc, celui de la griesche. Mais en quoi consistait-il ? C’est ce que nous ne savons pas positivement. « Le mot griesche, dit Leduchat, est le nom d’un volant en Anjou, à cause qu’on l’y fait de plumes de perdrix grises, qui s’appellent en ces quartiers-là griesches. » Telle est aussi l’opinion de Ménage, qui ajoute qu'au Maine ce jeu s’appelait coquantin, parce qu'on faisait aussi des volants de plumes de coqs. Enfin, M. Éloi Johanneau (voyez page 424 du 1er vol. de son édit. de Rabelais) présume