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DE LA GRIESCHE D’YVER.
Toz jors m’en est la porte ouverte,
Toz jors i sui
Ne nule foiz ne m’en essui[1] ;
Par pluie moil, par chaut essui.
Ci a riche homme ;
Je ne dorm que le premier somme.
De mon avoir ne sai la somme[2]
Qu’il n’i a point.
Diex me fet le tens si à point :
Noire mousche en esté me point,
En yver blanche[3].
Issi sui com l’osière franche[4]
Ou com li oisiaus seur la branche :
En esté chante,
En yver plor et me gaimante,
Et me desfuel ausi com l’ente[5]
Au premier giel.
En moi n’a ne venin ne fiel ;
Il ne me remaint rien souz ciel :
Tout va sa voie.
Li enviail que je savoie[6]
M’ont avoié quanques j’avoie
- ↑ Ms. 7633. Var. Eschui.
- ↑ Ms. 7615. Var. De mon cuer ne sai pas la somme.
- ↑ Ces deux vers se retrouvent dans le Dit des Ribaux de Grieve. Voyez, à cette pièce, l’explication que nous en donnons.
- ↑ Ms. 7615. Var. Blanche.
- ↑ Ente, arbre greffé. — On lit page 14, strophe 6c, dans le Fablel du dieu d’amours, que j’ai publié en 1834 :
De tel manière estoit tous li vergiés
Ains n’i ot arbre, ne fust pins u loriés,
Cyprès, aubours, entes et oliviers. - ↑ Ms. 7615. Var. Que j’envioie.