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DE LA GRIESCHE D’YVER.

Je les claim quite :
Fols est qu’à lor conseil abite ;
De sa dète pas ne s’aquite,
Ainçois s’encombre :
De jor en jor acroist le nombre.
En esté ne quiert-il pas l’ombre
Ne froide chambre,
Que nu li sont sovent li membre.
Du duel son voisin ne li membre,
Mès le sien pleure ;
Griesche[1] li a coru seure,
Desnué l’a en petit d’eure,
Et nus ne l’aime ;
Cil qui devant cousin le claime
Li dist en riant : « Ci faut traime
Par lécherie[2].
Foi que tu dois sainte Marie,
C’or va ore en la draperie,
Du drap acroire.
Se li drapiers ne t’en veut croire,
Si t’en reva droit à la foire
Et va au change.
Se tu jures saint Michiel l’ange,
Que tu n’as[3] seur toi lin ne lange
Où ait argent,
L’en te verra mult biau sergent.

  1. On voit que Rutebeuf emploie à la fois le mot griesche dans ses deux significations, tantôt comme allusion au jeu de ce nom, tantôt dans le sens de gravatio, inconvénient, charge, fardeau. Il faut l’entendre sous cette dernière acception dans le passage qui occasionne cette note.
  2. Ms. 7615. Var. Tricherie.
  3. Ms. 7633. Var. Qu’il n’at.