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LA VIE

Et si compaignon ensemant.
Que vous iroie plus rimant ?
Li tens passa ; quaresmes vint.
Oiez que Zozimas avint.
Malages le prist à grever ;
Malades fu, ne pot lever[1] ;
Sot que voire ert la prophésie
Qu’il avoit oï de Marie.
Toute la quarantaine entière
Jut Zozimas en tel manière.
A la çaine garis se sent,
Que nus maus ne l’ va apressant.
Lors prist le cors nostre Seignor
Et le saint sanc à grant honor.
Por le plesir la dame fère
S’est departiz de son repère :
Lentilles, cerres et formant[2]
A pris, puis s’en va aitant[3],
Et tèle fu sa soustenance
En bon gré et en pénitance.

Au flun Jordain vint Zozimas,
Mès Marie n’i trova pas.
Crient de La riens que plus covoite
Son péchié ne li ait toloite
Ou que il ait trop demoré.
Des iex a tendrement ploré,
Et dist : « Biaus Diex qui me féis,
Qui le tien secré me géhis,

  1. Ms. 7633. Var. Dureir.
  2. Ms. 7633. Var. Fourment.
  3. Ms. 7633. Var. Fièrement.