Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome II, 1839.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
188
LA VIE SAINTE ÉLYSABEL.

C’est ce qu’à Dieu plus requis a ;
Et por ce dist ci Rustebués :
« Qui à bués bée si a bués. »

La dame est du chastel issue ;
En la cité s’en est venue
Chiez .i. tavernier en la cort[1],
Et la tavernière l’acort,
Et li dist : « Dame, bien viegniez ! »
Li taverniers, bien enseigniez,
Li dist : « Dame, venez séoir :
Pieçà mès ne vous poi véoir. »
— « Or est mestiers que l’en me voie :
L’en m’a tolu quanques j’avoie,
Dist la bone dame en plorant :
De ce vois-je Dieu aorant. »
Ainsinc jut la nuit en l’ostel,
C’onques mès dame ne l’ot tel ;
Mès li gésirs petit li griève.
D’entor la mienuit se liève ;
Si ala oïr les matines
Aus Cordeliers ; mès ses voisines.
N’i aloient pas à tele eure.
Mult mercie Dieu et aeure
De ceste tribulacion,
Et par mult grant dévocion
Pria toz les Frères Meneurs
Grâces rendissent des honeurs
A Dieu que il li avoit fètes
Et de ce qu’il li a soutrètes.

  1. Ms. 7633. Var. Enz ou borc.