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ADDITIONS.

Si vaut bien chascuns .iiij. Omers,
Quar il boivent à granz gomers
Et sevent bien versefier
Que d’une fueille d’un figuier
Vous feront-il .l. vers ;
Mès il redient que por vers
Qu’il claiment la dyaletique
Par mal despit quiquelique[1],

  1. « Le mot quiquelique avait probablement alors une signification satirique dont le sens est perdu pour nous. On trouve dans le Roman du Renart :
    Sces-tu rien de dialectique
    — Oïl ; toute quiquelique.
    (Legrand d’Aussy.)

    M. Roquefort, dans son Dictionnaire de la langue romane, a ainsi expliqué ce mot : « Quiquelikike, le cri du coq ; pour désigner quelque personnage impertinent. » Je ne sais si cette explication est satisfaisante. Ces dénominations injurieuses n’étaient, du reste, pas les seules que se renvoyaient les uns aux autres les écoliers. Jacques de Vitry (ainsi nommé d’un village situé à deux lieues de Paris), qui fut légat du saint-siége sous Grégoire IX, en 1228, et cardinal, nous en a laissé, au chapitre VII de son Histoire occidentale, un catalogue beaucoup plus étendu. Voici ce passage, vraiment digne de curiosité : « Non solum autem ratione diversarum sectarum vel occasione disputationum sibi invicem adversantes contradicebant scholastici, sed pro diversitate regionum mutuò dissidentes et detrahentes, multas contra se contumelias et improbria impudenter proferebant, Anglicos potatores et caudatos affirmantes ; Franciginas superbos, molles, et muliebriter compositos asserentes ; Teutonicos furibundos et in conviviis suis obscænos dicebant ; Normannos autem inanes et gloriosos ; Pictavos proditores et fortunæ amicos ; hos autem qui de Burgundiâ erant, brutos et stultos ; Britones autem leves et vagos judicantes : Arturi mortem frequenter eis objiciebant ; Lombardos avaros, maliciosos et imbelles ; Romanos seditiosos, violentos et manu rodentes ; Siculos tyrannos et crudeles ; Brabantos viros sanguinarios, incendiarios, rutarios et raptores ; Flandrenses superfluos, prodigos, ac comessationibus deditos, et more butyri molles et remissos appellabant ; et propter ejusmodi convitia de verbis ad verbum frequenter procedebant »

    Il est vrai de dire qu’ils n’épargnaient pas non plus les louanges. Quand ils parlaient de leurs sectes ou quartiers ils disaient presque toujours : « Honoranda Gallorum natio ; Fidelissima Picardorum natio ; Veneranda Normannorum natio ; Constantissima Germanorum natio. » Cette der-