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LA VOIE DE PARADIS.

« A destre main, vers oriant,
Verrez une meson riant,
C’est à dire de bon afère.
Humilitez la débonère
Esta léenz, n’en doutez mie.
Raconter vous vueil de sa vie :
Ne cuidiez pas que je vous mante,
Ne por ce qu’ele soit ma tante
Vous en die ce que j’en sai,
C’onques por ce ne l’ me penssai.

« Dame Humilitez la cortoise,
Qui n’est vilaine ne bufoise[1],
Mès douce, debonère et franche,
A vestu une cote blanche
Qui n’est pas de blanc de Nicole,
Ainçois vous di à brief parole
Que li dras a non Bon-Éur.
Nus n’est en chiés li asséur,
Quar Dans Orguex li outrageus
N’i a pas pris la guerre à geus :
Soventes foiz assaut li livre ;
Or oiez comment se délivre
Et escoutez[2] en quel manière :
S’ele rist et fet bele chière,
Et fet samblant riens ne li griève,
Ce c’Orguex contre li se liève.
Lors acore de duel et d’ire
Orguex si qu’il ne puet mot dire.
A tant s’en part, ne parle puis ;

  1. Ms. 7633. Var. Borjoise.
  2. Ms. 7633. Var. Si oiez.