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LA VOIE DE PARADIS.

Si les chenuz et les ferranz
Et toz les bachelers erranz,
Et chanoines et moines noirs
Que toz est gastés li manoirs.
L’en soloit par amors amer,
L’en soloit trésors entamer,
L’en soloit doner et prometre :
Or ne s’en veut nus entremetre.
Voirs est qu’Amors ne vaut mès riens :
Amors est mès de viez mesrien.
Amors est mès à mains amère,
Se la borse n’est dame et mère.
Amors estoit sa chambellaine,
Qui n’estoit fole ne vilaine ;
Larguesce muert et Amors change,
L’une est mès trop à l’autre estrange,
Quar l’en dit et bien l’ai apris :
« Tant as, tant vaus, et tant te pris. »

« Débonèretez, qui jadis
Avoit les ostes .x. et .x.
Et .xix. et ,xix.,
N’est prisié vaillant .i. oef ;
Quar bien a .lx. et .x. anz,
Se Rustebues est voir disanz,
Qu’ele prist à Envie guerre,
Qui or est dame de la terre.
Envie, qui plus ot mesnie,
A la querele desresnie.
Si a régné dès lors et règne
Et régnera et encor régne :
Jamès à régner ne fin’ra ;