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LA BATAILLE DES VICES.

Si com je m’en sai entremette :
C’est à rimer[1] une matire
Au leu d’ouvrer, à ce m’atire,
Quar autre ouvraingne ne sai fère[2] ;
Or entendez à mon afère :
Si orrez de .ij. ordres saintes
Que Diex a esléus en maintes
Qu’aus vices se sont combatu,
Si que vice sont abatu
Et les vertuz sont essaucies ;
S’orrez comment els sont haucies
Et comment visce sont vaincu.
Humilité par son escu
A Orgueil à la terre mis,
Qui tant estoit ses anemis.
Larguece i a mis Avarisce,
Et Deboneretez .i. visce
C’on apele Ire la vilaine ;
Et Envie, qui partout raine,
R’est vaincue par Charité.
De ce dirai la vérité :
C’est or ce que poi de gent cuide.
Proesce r’a vaincue Accide,
Et Abstinence Gloutonie
Qui mainte gent avoit honie
Et mainte richece gastée.
S’orrez comment dame Chastée,
Qui tant est fine et nete et pure,
A vaincue dame Luxure.

  1. Ms. 7633. Var. Ouvreir.
  2. Voyez, 1er  volume, page 9, le passage où Rutebeuf dit qu’il n’est pas ouvriers des mains.