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LA BATAILLE DES VICES

Quar il ne sevent pas combien
Ne com longues ce puet durer.
Li sages hom se doit murer
Et garnir por crieme d’assaut :
Por ce vous di, se Diex me saut,
Qu’il n’en font de riens à blasmer.
Se l’en lor fet samblant d’amer
Il en sevent aucune chose :
Por ce ont-il si bien lor cort close,
Et por ce font-il ce qu’il font.
L’en dit mauvès fondement font ;
Por ce font-il lor fondement
En terre si parfondément,
Quar s’il estoit demain chéus[1]
Et li rois Loys fust féus[2]
Il se penssent bien tout l’afère
Que il auroient mult à fère
Ainz qu’il éussent porchacié
Tel joiel comme il ont brassié :
Le bien praingne l’en quant l’en puet,
C’on ne le prent pas quant l’en vuet.
Humilitez est si grant dame
Qu’ele ne crient home ne fame,
Et li frère qui la maintienent
Tout le roiaume en lor main tienent ;
Les secrez encerchent et quièrent[3],

  1. Ms. 7633. Var. Chays.
  2. Ms. 7633. Var. Fenis.
  3. Ce passage, qu’on peut rapprocher de plusieurs autres de Rutebeuf qui contiennent les mêmes reproches, est très-important ; il confirme la vérité des paroles de Guillaume de Saint-Amour lorsqu’il appelle les Dominicains prædicatores otiosos, intrantes domos, etc. (Voyez, à la fin du 1er volume, la note sur Guillaume de Saint-Amour.)