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pas individuel et singulier. Or tous les logiciens déclarent que l’individu n’est pas définissable ; sa richesse complexe ne saurait être enfermée en aucune formule ; on ne peut définir que des termes généraux. Puis donc que l’individualiste ne croit à la réalité que de l’individu, définir, pour lui, ce serait dire, non pas ce qui est, mais ce qui n’est pas. Parce qu’on ne peut définir que des idées générales, Platon disait déjà : « Il n’y a de science que du général », mot qui a été si souvent répété au cours des siècles et qui le sera encore.

Je n’examinerai pas aujourd’hui — cela m’entraînerait trop loin de mon sujet — quelle est la valeur de la science. Mais définir l’individu, seul réel, est déclaré impossible par tous les logiciens ; définir ce qui n’est pas individuel et réel, définir le général ne semble pas intéressant à l’individualiste. Je ne suis pas le premier individualiste qui ait cette impression. Nietzsche a écrit plusieurs fois contre la définition. Et les plus anciens individualistes que nous connaissions, les cyniques, étaient déjà hostiles à toute définition.

Nous ne connaissons la critique cynique de la définition que par des exposés hostiles de Platon et d’Aristote, grands définisseurs. Cependant, à travers ces réquisitoires que n’équilibre aucune plaidoirie (puisque toute la littérature cynique est perdue), il semble que la critique de la définition faite par les cyniques embarrassait singulièrement les définisseurs de leur temps. À essayer de la reconstituer, elle paraîtrait peut-être — si peu individualiste que soit ce mot — définitive à quelques-uns.

Je n’essaie pas de la reconstituer historiquement. Je