Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/133

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proclame aussi haut que Jésus quelle profonde fraternité unit entre eux tous les hommes.

L’un dit plus souvent et plus volontiers : « Aime ». L’autre recommande plutôt : « Connais-toi toi-même » et : « Sois un homme libre » et : « Réalise ton harmonie ». Mais les sentiments des grands fraternistes et ceux des grands subjectivistes sont semblables ; semblables, leurs gestes ; aussi forte, leur patience héroïque ; aussi profonde, leur miséricorde pour les bourreaux qui ne savent ce qu’ils font. Puisque, ici comme là, cœur et cerveau sont satisfaits, qu’importe que les pensées directrices paraissent ici descendre du cerveau au cœur, là monter du cœur au cerveau ?

Accord admirable et si naturel ! L’amour se conçoit-il autrement que comme un mouvement libre ? Dégagée de tout bas appétit, de toute servitude violente et de tout mensonge, comment ma liberté se manifesterait-elle, sinon par une chute joyeuse de tout mon être le long de ma pente d’amour ?

Pourquoi écarterais-je l’une ou l’autre des deux grandes paroles ? Me donner, n’est-ce pas un admirable moyen de me créer ? Me connaître et me réaliser de plus en plus permet de donner mieux, de donner davantage, de donner un être