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Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/43

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La sociologie semble d’ailleurs envahissante aujourd’hui comme jadis la théologie. Des biologistes la mêlent de façon ingénue à leur science. Je les soupçonne de cesser, à ces moments-là, d’être des savants pour devenir des poètes. Certes, je ne vois nulle déchéance dans la métamorphose ; mais je m’inquiète devant des affirmations qui semblent prononcées dans un rêve.

Je rencontre deux façons de rattacher la morale à la métaphysique. Quelques métaphysiciens et la plupart des théologiens considèrent la morale comme une conséquence de la métaphysique et comme une métaphysique en action. Mais Kant, renversant le rapport ordinaire, fait de la métaphysique une exigence et un postulat de la morale. Avant que le rigide Pie X succédât au souple Léon XIII, lorsque, malgré les dénonciations et les récriminations des jésuites, la spéculation théologique jouissait d’une ombre de liberté, la doctrine kantienne séduisait, dans le monde religieux, les modernistes de la néo-apologie. Aujourd’hui encore (1928) elle conserve, me semble-t-il, des partisans chez les derniers pragmatistes.