Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/122

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une providence jamais en défaut. Elle poussera la vilaine intrigante à écrire deux lettres en même temps, une pour son amant, l’autre pour son fiancé. Vous devinez qu’une inévitable erreur d’enveloppe dirigera vers le fiancé l’épître destinée à l’amant. Ainsi, une fois de plus, la vertu sera protégée et le vice puni.

Parmi tous ces enfantillages un peu bien connus, je dois signaler une nouveauté. Pour que le livre soit de meilleure défaite de l’autre côté de l’eau, les Américains y ont le beau rôle. Mais cette pauvre Française de Jeanne Mairet n’a pu leur donner que les qualités ordinaires aux jeunes premiers Français. Les Français, en revanche, ont chez elle les défauts que nos vaudevilles prêtent aux « transatlantiques ». La conception me paraît vraiment bien puissante pour l’intelligence de Jeanne Mairet, et je suppose qu’elle a, sur épreuves, imposé à ses personnages un ingénieux échange de noms.

C’est de Flaubert que Mme  Stanislas Meunier doit avoir appris à construire une phrase. Elle ne paraît point avoir étudié les somptuosités de Salammbô ou la souplesse vivante de Madame Bovary ; mais uniquement le Flaubert sec et automatique de l’Éducation sentimentale. Et seul l’enseignement grammatical lui a profité ; elle n’a pu apprendre à composer un livre ou même