Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/142

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d’égayer nos jeunes filles en les moralisant, je crois apercevoir, — je n’affirme rien : le domino du pseudonyme pourrait me tromper, — plus de chaussettes-roses que de bas-bleus. Beaucoup de ces derniers ne s’enferment pas d’ailleurs en cette spécialité. Judith Gautier essaie de satisfaire alternativement diverses classes de lecteurs et Jean Bertheroy, au sortir d’un roman pornographique, s’applique parfois à tailler sans la salir une plume blanche. Parmi celles qui écrivent exclusivement ou surtout pour ingénues, les plus appréciées de leur public sont Jeanne Schultz, Jean de la Brète et cet Henry Bister (Mme V. Le Coz) qui s’est décidé à mettre son vrai nom sur son dernier livre. Dans toutes ces fadaises, ce qui m’a le moins ennuyé, c’est le Sans mari de Mme Le Coz. Le sujet est aussi insuffisant que partout ailleurs : quelques vers de La Fontaine ont été dilués, suivant la méthode homéopathique, dans un tonneau d’encre. Mais les vingt premières pages sont d’un mouvement aisé et gentil, les vingt dernières disent avec une émotion contenue les chagrins et les aspirations de la vieille fille : le désespoir devant la fuite des jours vides, le besoin de plus en plus douloureux de se donner et de se dévouer. Le reste du livre est insignifiant ; la forme même n’est soignée qu’au début et à la fin. Et je songe de quelque bizarre repas, ouvert, en guise d’apéritif, par un doigt