Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/194

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vue intellectuel, son infériorité artistique et scientifique ne s’exprime que sur les hauteurs, dans les tentatives de création. Mais elle est peut-être plus apte que l’homme à comprendre, à appliquer, à imiter, à enseigner. Dans la vie pratique — sauf les rares occasions où un effort de synthèse est nécessaire — la femme dont on n’a pas tué l’initiative se montre souvent supérieure par l’ingéniosité dans le détail, la souplesse, le tact et l’attention minutieuse. D’ailleurs l’égalité des droits n’exige nullement l’égalité des facultés et, puisque cet infâme blagueur, le Code, déclare le balayeur des rues égal à Félix Faure et ce pauvre Félix Faure égal à Émile Zola, pourquoi refuse-t-il à Mme Pognon que ça embête le plaisir de voter ou de présider quelqu’une de nos inutiles assemblées ?

Je suis donc féministe, nettement. D’où vient que je sois si souvent agacé par les réclamations de la Fronde ? — C’est qu’elles manquent à la fois de noblesse et de réalisme.

J’éprouve le besoin d’applaudir chaleureusement — tout en regrettant, presque à en pleurer, la faiblesse de ses armes — quand Savioz, âme vaillante, s’irrite contre toutes les injustices et se meurtrit à vouloir démolir toutes les bastilles. J’approuve encore quand Mme Pauline de Grandpré réclame la suppression de Saint-Lazare, honte des hommes faiseurs de lois et organisateurs de polices.