Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/221

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aussi les mérites de cet écrivain parfois admirable, parfois prétentieux qui signe Jacques Fréhel.

Elle a, celle-ci, la plénitude souple du rythme, la noblesse et la vivacité des images. Elle a aussi, — sous les recherches de sa grandiloquence magnifique et précieuse, et souvent confuse, — l’adorable frémissement de sincérité. Ses premiers pas sont, d’ailleurs, les plus solennels et les plus compassés. Plus tard elle aura le fréquent bonheur d’oublier ses vouloirs littéraires, et ses larges harmonies seront déchirées par des cris émouvants. Elle jaillira soudain en exclamations, en interrogations, en apostrophes ; et ces gestes violents, passés de mode, ne seront point ridicules, parce qu’ils s’élanceront irrésistibles, rapides mouvements de passion et non attitudes de rhétorique. Par ses efforts et par leurs soudaines défaites, par la lenteur de ses solennités voulues et par la brusquerie de sa vie spontanée, par la grâce flottante de ses phrases et par la fièvre de ses mots, elle se manifeste comme une nerveuse qui contient ses frémissements, et qui redresse sa taille, et qui se hausse sur la pointe des pieds ; comme une frêle Michelette qui s’applique à imiter l’ampleur de Chateaubriand.

Le xviie siècle hésite dans sa jeunesse entre Scarron et Corneille, se demande s’il sera un héros ou un bouffon. À l’école de Descartes, héros de la pensée, il