Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas tout ce qu’on lui demande et que cependant il faut vivre sa vie :

« L’âge de la jeunesse est comme la saison des fleurs. Heureux qui sait à temps recueillir les corolles afin de préparer quelque fortifiante essence, quelque baume qui endorme les douleurs quand sera venu l’âge amer. » Et ailleurs : « Il est bon d’avoir mangé de tous les fruits de la vie, doux ou amers. »

Certes je pourrais relever dans son livre nombre de fautes et d’erreurs, des métaphores qui s’embrouillent, des périphrases solennellement bêtes. Mais ces herbes mauvaises s’agitent sous un grand vent de passion, parmi d’admirables fleurs.

La première partie du roman chante une enfance de petite fille. Elle est toute parfumée et souriante « de ces choses tendres et éphémères qui sortent de la bouche des enfants, comme la brise des lèvres du printemps ».

Ces pages ressemblent à je ne sais plus quelle fraîche joie qui fait dire à l’héroïne : « C’était comme le premier printemps de ma vie. Chaque objet était revêtu de riches couleurs et de formes enivrantes ; tout avait des mouvements plus suaves, des ondulations plus voluptueuses. » Et elle célèbre la nature « embellie, animée par un jeune cœur avide qui recevait de toutes les impressions un ébranlement profond de sensibilité ».