Le bas-bleu est éternel. Deux éléments principaux contribuent à le former : une prétention puérile d’abord, le désir de nous montrer qu’on peut faire ce que nous faisons ; et aussi la timidité, l’effroi de s’engager seule dans une voie inconnue. Car tout véritable artiste doit tracer un sentier nouveau à travers la forêt. La timidité diminuera, la prétention grandira. Et elle restera toujours pédantisme d’élève et snobisme de suiveuse. Il y aura demain comme aujourd’hui quelques chaussettes-roses et beaucoup de bas-bleus. La nature de la femme est plus imitatrice, et l’exemple des succès masculins lui sera toujours « un dangereux leurre ».
Mais les exceptionnelles qui osent se montrer elles-mêmes deviendront un peu plus nombreuses, et, parmi des œuvres intéressantes, nous donneront peut-être quelques chefs-d’œuvre.
Les gestes même du génie ne sont imprévus que relativement, et on peut dès aujourd’hui indiquer les limites que l’art féminin ne dépassera pas.
Toutes mes lectures me l’ont prouvé : une femme ne peut concevoir et composer qu’en imitatrice une œuvre objective. Elle est inégale à l’effort d’une syn-