Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/49

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cette phrase le récit de ce dîner dont nous l’avons vue si troublée : « Edmée est charmante ce soir et très admirée dans ses courtes apparitions au salon et à table. » La grâce des enfants entrevus la séduit plus que toutes les beautés du voyage. Elle admire de jolies « attitudes sur une barrière, comme d’oiseaux perchés ». Elle s’émeut à regarder « ces rondes mains de bébés tenant au bras par un pli de chair » ou « ces menottes agiles et menues, déjà despotiques, tendres, aristocratiques, sachant coiffer une poupée, lancer une balle ou un cerceau ». Elle rêve attendrie devant « ces chevelures de nouveau-nés qui semblent des plumages incomplets d’oiseaux au nid ».

À cette prose simple et souple, évocatrice à la fois des choses vues et du regard féminin, je préfère peut-être les vers de Mme  Daudet. Non point ces vers de fillette où elle essayait de fixer « le cantique à la vie inconnue », où elle chantait « tout au bord d’un espace qu’elle croyait infini à son élan et à ses espérances ». Certes il en est de charmants, mais ils rappellent une manière connue. Ceux de plus tard sont d’une beauté autrement originale.

Les femmes, même d’un très grand talent, semblent privées des facultés critiques. Mme  Daudet, qui débrouille