Réfugiée dans le rêve, elle sent tout ce que son bonheur a d’inquiet et de flottant. Par instants, l’océan de réalité s’irrite, et la tempête semble sur le point de briser la frêle barque. Toujours, d’ailleurs, la joie de Max Lyan a quelque chose de contradictoire. La lutte entre une imagination riche et facile et une raison solide donne à toutes ces pages le charme piquant d’une « ironie spirituelle et tendre ». Lorsque la Fée des Chimères contait poétiquement sa triste vie, « ses paroles avaient un ton si doucement ironique que, parfois, je ne savais si je devais rire ou m’apitoyer. Je cherchais alors le vrai sens dans ses yeux ; mais ces yeux, railleurs et tendres, m’embrouillaient davantage. » Quelquefois pourtant le regard de la conteuse se mouille, et elle s’excuse : « Les vieux cœurs sont si pleins de larmes qu’une émotion de plus les fait déborder. Ne remuez pas trop le mien. »
Depuis que son incognito était découvert, Max Lyan qui, m’affirme-t-on, a dans ses tiroirs plusieurs volumes inédits, hésitait à publier de nouveau. Elle vient enfin, après des années, de triompher de cette pudeur excessive et qui privait douloureusement quelques amis du beau et du délicat.
Cœur d’enfant est très différent de la Fée des Chimères,