Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


          L’inintelligence des cœurs
          À tout instant froisse le nôtre :
          Les âmes qui se croyaient sœurs
          Sont étrangères l’une à l’autre.


Je veux bien le croire pour les âmes, mais certains esprits ne me paraissent que trop faciles à pénétrer. Je m’énerve à regarder à chaque page le titre courant pour être certain ou presque de ne point relire les Vaines tendresses. Le caprice de tel détail joli,


    Ramassons les bonheurs de la saison dernière
    Que dans tous les sentiers nous avons égrenés,


perdu parmi tant de trivialités nettes, ne me console pas des régiments d’images banales qui, risibles de précision raide, parcourent lourdement une plaine de tristesse. Et je m’irrite à rencontrer tant de symboles pauvres qui marchent glose au dos, tant de Vases brisés moins élégants et de moins gracieuses Danaïdes. Les cœurs des abandonnés, par exemple, sont comparés en quatre vers aux chiens délaissés, dont quatre strophes nous dirent les ennuis. Chiens infortunés en les cœurs de qui, paraît-il, « germent » des « fleurs de mal », tout comme en le cerveau de quelque Baudelaire !

Parfois Sully-Prud’homme semble collaborer avec Mlle de Scudéry et le symbole nous est expliqué, dans chacun de ses détails, avec une préciosité minutieuse et