Page:Ryner - Le Subjectivisme, Gastein-Serge.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Ô père qui crois aimer ton fils avant de connaître la sagesse et qui crois que ton fils, sans faire l’effort d’être sage, t’aime déjà, écoute les souhaits que mon cœur forme pour toi et pour lui. Plaise aux dieux qu’il ne tombe jamais aucun os entre vous : ni le lopin de terre que vous convoitez, ni la belle femme que vous désirez, ni l’honneur officiel qui exalterait votre pauvre orgueil.

« Détachez-vous du froid des choses si vous voulez d’un amour véritable aimer la chaleur des cœurs. Quand ce que le vulgaire appelle des biens vous sera devenu indifférent, venez me dire que vous aimez, et je vous croirai. »

La route que je suis, parfois j’ai l’impression de la créer, de l’ouvrir le premier à travers les arbres épineux et fleuris de la forêt qui monte. Souvent aussi je sens que d’autres hommes y ont passé avant moi. Sur les troncs les plus anciens, je lis des noms gravés : Socrate, Aristippe, Épicure, Diogène, Zénon, Épictète. L’enfant, au ventre de sa mère, traverse en quelques semaines le chemin où, au dire des évolutionnistes, l’animal s’est traîné des millénaires de siècles pour arriver à l’homme. Pour monter à sa propre lumière, tout ami de la sagesse ouvre un sentier que les ronces et les corolles obstruent derrière chaque passant et qui est pourtant le plus glorieux des chemins historiques.

On n’apprend rien que de soi-même et des circonstances de sa vie. Seule l’expérience directe est vraiment éducatrice. Cependant presque tout se passe comme si on se laissait guider à des leçons étrangères. Que ceux qui viennent derrière nous se gardent bien pourtant d’obéir à des paroles