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Page:Ryner - Les Chrétiens et les Philosophes, 1906.djvu/127

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merveilleuse, des myriades de myriades d’instruments tous divers et qui tous chantent d’accord,


historicus

C’est possible. Chaque être diffère de l’être le plus voisin. Sans quoi, il n’y aurait pas de raison pour qu’ils soient tous deux ; un seul suffirait. Mais chaque être a des rapports avec tous les êtres ; sans quoi il ne pourrait faire partie du monde, il ne pourrait exister. Chaque feuille s’affirme ; aucune feuille ne nie l’arbre ou les autres feuilles.


épictète

Ne te semble-t-il pas que nos deux voix, mon Historicus, viennent de chanter un chœur au Divin ? Mais, d’ordinaire, nous ne parlons pas le même langage et nous sommes entraînés par des préoccupations divergentes. J’estime la science autant qu’elle est utile à la bonne vie. Tu aimes la connaissance pour elle-même, en curieux. Je suis un acteur qui s’efforce de ne point faire de fautes et qui ne songe qu’au rôle dont le Poète l’a chargé. Tu es un spectateur qui rit. Pourvu que la fable soit amusante, peu t’importe qu’on fasse des fautes.


historicus

La fable est toujours amusante. Et tu ne peux point faire de fautes. Porcus joue aussi bien que toi. Et Théophile ne joue pas plus mal. Quand le spectateur accuse un acteur, le spectateur n’a pas compris. Quelques-uns pourtant ignorent leur vrai rôle. Tel se croit le roi, qui est le bouffon. Mais cela aussi fait partie de la pièce. Le disciple ridicule que Théophile traîne après lui est aussi nécessaire que Théophile. Ce pauvre Marcus Spicillus qui se croit Pierre…


pierre

Je suis chrétien.