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Page:Ryner - Les Chrétiens et les Philosophes, 1906.djvu/198

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épictète

Tu aurais agi comme un soldat qui ne commet point d’injustice ; mais il ignore que son corps ne dépend pas de lui et que ce qui ne dépend pas de nous est indifférent au sage.


porcus

Épictète, je loue ta fidélité à ton maître. Tu remplis ton premier devoir, en l’avertissant qu’il va faire une perte, gâter une chose qui lui appartient. Mais ensuite tu ne lui adresses nul reproche, car il est le maître et il peut faire ce qu’il veut de ses richesses, sans rendre compte à personne. Avant et après, tu as parlé et agi en esclave vertueux. Comment peux-tu maintenant approuver Félicion qui se révolte ?


épictète

Je n’étais pas un esclave fidèle. Je n’aimais pas Epaphrodite, qui était un imbécile et un brutal, mais je le méprisais trop pour accorder quelque importance à ses gestes.


porcus

Tu le subissais, du moins. Pourquoi n’ordonnes-tu pas à Félicion de me subir ?


épictète

Si Félicion t’avait subi, je l’approuverais. Mais il s’est révolté et vous me faites juge. Je n’ai plus à parler de vertu, mais de justice. Je n’ai plus à dire que cette vérité : « Nul homme n’est par nature le maître d’un autre homme. Nul homme n’est par nature esclave. »


porcus

Tu es obligé de condamner sa révolte ou ta soumission.


épictète

Je connais mes forces et Félicion connaît les siennes. Tu