Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/49

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— Il me semble qu'il peut en avoir un plus grand.

— Il te semble mal, Xénophon. Car le plus grand mal qui puisse arriver à un homme c'est de corrompre son âme. De sorte que l'orateur et le magistrat qui mentent font encore plus de tort à eux-mêmes qu'au peuple. Et ils ignorent plus que le peuple ce qui est le véritable intérêt de l'homme.

— Tu dis des choses étranges, Socrate... Aimerais-tu mieux mourir que mentir ?

— Tout homme doit préférer la mort à ce qui peut l'avilir.

— Tu prononces de belles paroles, Socrate. Et peut-être je les répéterai, car il est plus utile de les répéter que de les croire.

Socrate ne put s'empêcher de rire. Et il dit :

— Ce pauvre Xénophon est ignorant et se croit habile. En quoi il ressemble à un magistrat. Et il vient de parler comme un magistrat parle dans son intimité. De sorte que ceux qui viennent d'entendre ne croiront plus les paroles de Xénophon. Et nul homme averti n'a jamais écouté les paroles d'un magistrat.

On voit par ce seul exemple que Socrate corrompait et comment il corrompait la jeunesse. Socrate était corrupteur comme la vérité. Car le magistrat appelle corrompu celui qui n'obéit pas au magistrat et appelle corrupteur celui qui conseille de désobéir au magistrat. Le maître appelle corrompu l'esclave qui ne lui obéit point et il appelle corrupteur celui qui ne conseille pas à l'esclave d'obéir au maître.

Pour la loi, Socrate corrompait la jeunesse. Mais