Page:Ryner - Petit manuel individualiste, 1905.djvu/20

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Comment le sage considère-t-il la société ?

Le sage considère la société comme une limite. Il se sent social comme il se sent mortel.

Quelle est l'attitude du sage en face des limites ?

Le sage regarde les limites comme des nécessités matérielles et il les subit physiquement avec indifférence.

Que sont les limites pour celui qui est en marche vers la sagesse ?

Pour celui qui est en marche vers la sagesse, les limites constituent des dangers.

Pourquoi ?

Celui qui ne distingue pas encore pratiquement, avec une sûreté inébranlable, les choses qui dépendent de lui et les choses indifférentes, risque de traduire les contraintes matérielles en contraintes morales.

Que doit faire l'individualiste imparfait en face de la contrainte sociale ?

Il doit défendre contre elle sa raison et sa volonté. Il repoussera les préjugés qu'elle impose aux autres hommes, il se défendra de l'aimer ou de la haïr ; il se délivrera progressivement de toute crainte et de tout désir à son égard ; il se dirigera vers la parfaite indifférence, qui est la sagesse en face des choses qui ne dépendent pas de lui.

Le sage espère-t-il une meilleure société ?

Le sage se défend de toute espérance.

Le sage croit-il au progrès ?

Il remarque que les sages sont rares à toute époque et qu'il n'y a pas de progrès moral.

Le sage se réjouit-il des progrès matériels ?

Le sage remarque que les progrès matériels ont pour objet d'accroître les besoins artificiels des uns et le travail des autres. Le progrès matériel lui apparaît comme un poids croissant qui enfonce de plus en plus l'humanité dans la boue et dans la peine.

L'invention des machines perfectionnées ne diminuera-telle pas le labeur humain ?

L'invention des machines a toujours aggravé le travail. Elle l'a rendu plus pénible et moins harmonieux. Elle a remplacé