cyniques aient eu quelque dédain pour la métaphysique. Les épicuriens sont matérialistes. Les stoïciens sont panthéistes.
Que pensez-vous des doctrines métaphysiques en général ?
Je les regarde comme des poèmes et je les aime pour leur beauté.
Qu'est-ce qui constitue la beauté des poèmes métaphysiques ?
Une métaphysique est belle à deux conditions :
1° Elle doit être considérée comme une explication possible et hypothétique, non comme un système de certitudes et elle ne doit pas nier les poèmes voisins ;
2° Elle doit expliquer toute chose par une harmonieuse réduction à l'unité.
Que devons-nous faire eu présence des métaphysiques qui affirment ?
Nous devons généreusement les dépouiller des laideurs et des lourdeurs de l'affirmation, pour les considérer comme des poèmes et des systèmes de rêves.
Que pensez-vous des métaphysiques dualistes ?
Elles sont des explications provisoires, des demi-métaphysiques. Il n'y a pas de métaphysique vraie ; mais les seules vraies métaphysiques sont celles qui aboutissent à un monisme.
L'individualisme est-il la morale absolue ?
L'individualisme n'est pas la morale. Il est seulement la plus forte méthode morale que nous connaissons, la plus imprenable citadelle de la vertu et du bonheur.
L'individualisme convient-il à tous les hommes ?
Il y a des hommes que l'âpreté apparente de l'individualisme rebute invinciblement. Ceux-là doivent choisir une autre méthode morale.
Comment saurai-je si l'individualisme ne convient pas à ma nature ?
Si, après un essai loyal de l'individualisme, je me sens malheureux ; si je ne sens pas que je suis dans le vrai refuge ; si je suis troublé de pitié sur moi-même et sur les autres, je dois fuir l'individualisme.