Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Paul Bourget, de plus en plus, est un mauvais rhétoricien qui n’a rien à dire et qui cherche partout des moyens de développer ce qu’il va répéter. Son analyse psychologique, vantée de quelques myopes, révèle indifféremment du vrai banal ou du faux, ne vise en réalité qu’à multiplier les lignes. Mais il connaît d’autres procédés de développement. « Antoinette avait aimé. » Et Paul Bourget nous apporte à ce sujet des renseignements singulièrement nouveaux. Il nous dit ce qu’avait fait la bouche d’Antoinette. Elle avait « donné des baisers d’amour. » Savez-vous ce qu’avaient fait les yeux d’Antoinette ? Ils « s’étaient baignés des larmes de l’amour. » Vous ne devineriez jamais ce qu’avaient subi « les masses » des cheveux d’Antoinette. « Des mains d’amant les avaient caressées et déroulées. » Et le corps d’Antoinette ? Figurez-vous qu’on l’avait « étreint. » Et le bon marchand d’aphrodisiaque catholique n’oublie pas « l’extase partagée, si divine à goûter. » — Une autre fois, notre rhétoricien reprend le thème du Lac. Mais il le perfectionne. Vous ne supposez pas que M. Bourget à qui Marie-Anne de Bovet enseigna les grâces mondaines va, comme un vulgaire romantique, pleu-