Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/157

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ments : au lieu de marier ses héros ou de les tuer, on les agenouille. Mais, un livre achevé, on songe à en faire un autre et, comme dit M. de La Palice, on ne peut pas commencer par la fin. Il n’y a pas à craindre que Bourget, Huysmans ou Léon Daudet soient chrétiens dans les deux cents premières pages de leur prochain roman. »

Je me trompais. Après des calculs de commerçant, Bourget, ce Léo Taxil ennuyeux, allait opter. L’ancienne clientèle refusait décidément des rossignols toujours semblables et chaque fois moins réussis ; il ferait appel à l’argent catholique. Huysmans et Léon Daudet, pauvres êtres sans équilibre, ne verraient bientôt contre la folie menaçante d’autre refuge que le catholicisme. Léon Daudet surtout est une âme désemparée, un mélange de révolte exaspérée et de soif d’obéir, un chaos d’ambitions vers le repos moral et d’âpres désirs de pécher. Ses perversités contradictoires ne peuvent se désaltérer qu’au catholicisme, seul pays où le péché soit un fruit savoureux et le remords une boisson capiteuse.

Suzanne déjà, par sa perversité naïve et par la conversion finale, est un livre deux fois ca-