Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/170

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femme, et des plus sincères, et des plus émouvants que je connaisse. J’ai loué avec enthousiasme le jaillissement spontané et intarissable des images, la puissance nerveuse du rythme. J’ai dit aussi, avec trop de sévérité peut-être, les inquiétudes que m’inspiraient quelques gaucheries particulières et un métier généralement insuffisant.

Depuis, Jacques Fréhel a publié trois livres : Vaine pâture, le Cabaret des larmes, les Ailes brisées.

Le premier est « une minutieuse étude provinciale, où se débattent, mêlées à de plus nobles, de petites passions et de petites âmes. » Mais tous ces animaux bourgeois qui s’alimentent d’une « vaine pâture », argent ou vanité, nous les connaissons déjà, nous les avons rencontrés mille fois, et souvent dessinés d’un trait plus net, animés d’un mouvement plus vivant. Ici, ce n’est pas dans l’étude de mœurs, que Jacques Fréhel est intéressante.

Elle est intéressante d’abord par l’accent de mépris hautain ou de révolte indignée dont elle parle de ces grotesques et de ces ignobles. Elle est intéressante quand, oubliant de s’appliquer à bien exprimer ces natures basses, elle mani-