Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

permet de souffrir encore, « abandonné comme un colombier en ruines par les souvenirs vagabonds ».

Je détache, entre cent, un petit tableau étonnant de richesse et de perfection. Dans la lumière d’une chapelle abandonnée « entra une vieille femme bretonne qui pleurait. Elle était si petite et si courbée par l’âge et les labeurs que le bas portail d’ogive se dressait bien au-dessus d’elle, couronné de l’or des giroflées. — Elle pleurait : sa joue était comme une muraille lavée par la pluie ; sa bouche, à cause des sanglots infinis, faisait une grimace triste qui ressemblait au sourire d’un mort blafard et ironique ; son cou était comme une grosse corde amollie et détressée ; son petit buste court tenait dans un maigre corsage, aussi étroit que celui d’une fille de dix ans. Ses mains étaient dures comme un métal et éloquemment ciselées par le travail. Sa capeline de laine blanche bordée de noir, sa capeline de deuil barrait diagonalement son front coupé de sillons comme un champ nouvellement labouré ».

Elles ne font pas songer, ces nobles images, parmi le sourire de la complicité banale : « Voilà ce que j’aurais dit moi-même ! ». Elles se dres-