Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je fais subir la même épreuve au Chemin de la Douleur :

L’heure semblait verser une calme indolence

       Sur le recueillement des bois.
Dans cette solitude où régnait le silence
       On n’entendait plus que la voix
    De la source où vibrait un gazouillis d’eau vive,
           Une chanson captive
       Parmi la mousse ; et puis aussi
           — Murmure adouci
          Par la brise et l’espace —
         Les clochettes d’un lent troupeau
        Conduit par le berger qui passe

En effleurant du doigt sa flûte de sureau.

Je m’arrête d’écrire pour relire encore une fois. Je ne me lasse point d’entendre l’exquise symphonie. Je ne sais pas aujourd’hui de poète en vers — non pas même le génial Verhaeren, — auquel je doive des joies aussi complètes, aussi nobles et aussi pénétrantes que celles goûtées au Chemin de l’Irréel et au Chemin de la Douleur.

Adolphe Lacuzon est coupable de rester si longtemps le poète d’Éternité. Toute puissance crée un devoir et Lacuzon est mon débiteur pour les nobles vers dont il me prive quand,