Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/222

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ture folle ne parviennent pas à me séduire.

Considérées comme des romans, les interminables fantaisies livresques d’Annunzio apparaissent encore plus fausses et plus puériles que les fantaisies scéniques de Hugo quand on essaie de les regarder comme des drames. Les personnages sont aussi inconsistants, la psychologie plus incertaine encore et plus superficielle. Hugo du moins avait quelque puissance constructive et ses immenses châteaux de cartes présentent une certaine beauté architecturale. Annunzio est tout entier en divagations lyriques. Il reconnaît lui-même qu’il se livre, proie ivre, au hasard. Il parle toujours « avec un fluide abandon. » Il rappelle le précepte du Vinci : « Observer les taches des murailles, la cendre du foyer, les nuages, les fanges, et autres choses de cette espèce pour y trouver invenzioni mirabilissime et infinite cose. » Et voyez comme naïvement et lâchement il se traduit la leçon célèbre : « Le maître savait bien que le hasard — comme l’a démontré jadis l’éponge d’Apelles — est toujours l’ami de l’artiste ingénieux. Moi, par exemple, je suis sans cesse étonné par la facilité et la grâce que met le hasard à seconder le développement harmonique de