Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/227

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Sa joie de faire souffrir, son amour pour les bêtes de proie qui lui ressemblent, s’exprime en « belles cadences » émues dans l’éloge de Gog le lévrier, « celui qui, d’un seul coup de ses mâchoires, cassait les reins du lièvre ; » celui qui « possédait toutes les vertus de la grande race » , depuis la rapidité à la course jusqu’au « désir constant de tuer la proie. » Nul autre ne donnait une si grande impression de beauté, nul autre « n’avait la gueule construite pour mordre d’une façon aussi parfaite. » Sur ce sujet, l’éloquence de Stelio-Gabriele est intarissable ; ses phrases et ses mains, en un interminable tremblement heureux, caressent sur le corps des lévriers son propre prurit de tuer. Et, cependant qu’il explique « l’œuvre de sang », sa maîtresse reste « suspendue aux lèvres de Stelio, fascinée par leur instinctive expression cruelle. »

Il ne suffit pas à ce monstre que sa maîtresse soit « ce qu’avant tout elle devait être, un bon et fidèle instrument au service d’une puissance » qu’il affirme « géniale. » Il faut qu’elle lui soit aussi une matière à douleur. Le Feu est, comme Adolphe, l’histoire de la fin d’un amour. Mais ici l’amant qui