Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
14
prostitués

Oh ! les êtres vils qui rêvent « le roman d’un jeune homme pauvre » et qui l’écrivent, dévoilant naïvement toute la pourriture de leur désir. Et quelques-uns l’écrivent avec opportunité, comme d’autres appellent une dot par les petites annonces des journaux. Je m’écarterai de toi, Alphonse Péladan, qui envoyas la rampante Mélusine te raccrocher une cliente sérieuse. J’en sais d’autres qui, avec plus ou moins de succès, employèrent un volume à appeler : « Quelle femme riche veut m’acheter, corps et âme ? J’offre mon amour et ma reconnaissance en échange d’un peu d’or qui me paiera du loisir, du luxe et de la gloire. » J’aperçois de branlantes masures, décorées des noms de romans ou de poèmes, et qui portent de gros numéros. Il y a, sur le boulevard et dans les salons, des hommes sandwiches qui travaillent pour eux-mêmes et dont l’écriteau s’enorgueillit de cette inscription : « Artiste à vendre ! »